HAYDN Intégrale des Trio avec flûte
HAYDN
Intégrale des Trio avec flûte
Les curiosités esthétiques
Jean-Pierre Pinet, flûte traversière
Valérie Balssa, flûte traversière
Cyrielle Eberhardt, violon
Cécile Verolles, violoncelle
Étienne Mangot, violoncelle
Aline Zylberajch, pianoforte
LES ENREGISTREMENTS
Divertimenti opus 38
Direction artistique : Gabriel Grosbard
Prise de son : Adrien Pinet
Arsenal de Metz, 14, 15 & 16 avril 2022
Trios avec pianoforte Hob. XV : 15-17
Direction artistique : Laure Morabito
Prise de son : Jean-Michel Robert
Arsenal de Metz, 23, 24 & 25 octobre 2014
London Trios
Direction artistique : Gabriel Grosbard
Prise de son : Adrien Pinet
Arsenal de Metz, 17 & 18 avril 2022
Baryton Trios arr. Hob. XI : 82, 100, 103, 109, 110, 118
Direction artistique : Gabriel Grosbard
Prise de son : Adrien Pinet
Arsenal de Metz, 5, 6 & 7 mai 2021
Surnommé à juste titre « Père de la symphonie », Joseph Haydn est aussi un maître incontesté dans le domaine de la musique de chambre. Les quatuors à cordes sont à eux seuls un monument de l’histoire de la musique. Parmi les trios, œuvres majeures eux aussi, les dix-neuf avec flûte, plus modestes sans doute, constituent cependant un corpus inestimable de finesse, d’intelligence et de suavité.
À PROPOS
Plus de deux cents ans après sa disparition, Joseph Haydn n’en reste pas moins d’une modernité inépuisable, au point que bon nombre de compositeurs actuels revendiquent encore son héritage, comme s’ils l’avaient côtoyé, et qu’ils avaient retenu de la lecture de son œuvre, le discours à la fois sobre et sensible, jamais complaisant, sincère, fervent, toujours respectueux de la vie propre des formes, témoin et acteur de leur plasticité.
Dès 1782, Joseph Haydn envisage de se rendre à Londres, ce qui ne sera finalement pas possible. Sa musique le précèdera donc. De sorte qu’en 1794, lorsqu’il s’y installe, il est déjà un personnage célèbre et attendu. Ses œuvres de musique de chambre, pour la grande majorité d’entre elles, font appel au violon pour les parties de dessus. Aussi pourrait-il sembler surprenant qu’une fois établi Outre-Manche, il sollicite aussi souvent la flûte dans ses compositions pour petites formations. Ce qu’il n’avait fait que peu jusqu’alors, bien que l’instrument jouît d’une certaine prédilection en Autriche, moins il est vrai qu’en Allemagne ou en France.
Bon nombre des œuvres figurant dans ce coffret témoignent de l’intérêt nouveau, pour l’instrument à vent, d’un compositeur plutôt connu comme étant l’un des maîtres absolus du quatuor à cordes. Soit que ces trios aient été conçus originellement ou transcrits de sa propre main, soit qu’ils aient été publiés ainsi, pour la première fois, en Angleterre. Aurait-il voulu par ce choix honorer le goût particulier qu’affichait pour cet instrument le milieu aristocratique londonien ?… Cette hypothèse est hautement recevable : la flûte traversière, en effet, avant que la grande mutation de sa facture ne l’écarte des catalogues de la plupart des grands compositeurs, comptait d’ardents adeptes parmi lesquels le Roi Frédéric II, remarquable flûtiste lui-même…
Et si la difficulté d’exécution et l’originalité du langage de ces trios a pu dérouter certains interprètes de l’époque, ils ont fait le bonheur d’instrumentistes (et compositeurs) justement réputés pour leur virtuosité, comme en France le violoniste Gaviniès ou en Allemagne, le flûtiste Tromlitz et le violoniste Stamitz.
Il semble cependant que les premières œuvres de chambre de Haydn, qu’elles fussent destinées aux cordes ou aux vents, n’aient pas reçu un accueil très favorable de la part de ces « messieurs » de la Cour de Prusse, dont les goûts passéistes ne les invitaient guère à faire l’effort d’écoute nécessaire à la compréhension du discours nouveau qu’il proposait… On en jugera à la lecture de ces confidences :
« Dans le style de chambre, j’ai eu le bonheur de plaire à presque toutes les nations à l’exception des Berlinois, comme le montrent les journaux et des lettres qui me sont parvenues. Je m’étonne simplement de l’incapacité de ces messieurs de Berlin, d’ordinaire si raisonnables, à critiquer ma musique en termes pondérés : ils me portent aux nues dans tel hebdomadaire pour ensuite, dans tel autre, me traîner plus bas que terre, et tout cela sans jamais dire pourquoi. Moi, je sais très bien pourquoi : parce qu’ils sont incapables de jouer certaines de mes œuvres, et trop vaniteux pour prendre la peine de les étudier comme il faut, ainsi que pour d’autres raisons auxquelles avec l’aide de Dieu, je répondrai en temps voulu. »
Jean-Pierre Pinet
Les curiosités esthétiques
Lorsque l’on se préoccupe de la valorisation d'un patrimoine ancien – qu’il soit littéraire, philosophique, ou musical –, on est immédiatement confronté à ce que l’on pourrait nommer « l’obligation de choix » : le passé, c’est la mémoire indistincte des expériences humaines... Certaines d’entre elles, bien qu’elles aient joui, à leur époque, d’une indiscutable légitimité, ne méritent pas d’être soulignées ou revisitées… D’autres en revanche ont fleuri, constituant avec la lenteur des choses importantes un inestimable patrimoine dont nous reconnaissons la puissance, la grandeur et goûtons aussi pour certaines, le parfum particulier, l’étrange, « l’inouï ».
C’est à l’une de ces aventures-là que se destine l’ensemble Les curiosités esthétiques... De « géométrie variable », il puise ses racines dans l’Europe des Lumières, au temps des Voltaire, Mozart et Frédéric le Grand, des fils Bach, de Haydn ou du jeune Beethoven, pour faire revivre des partitions oubliées, en découvrir d’autres, traquer dans la facture d’un accord ou d’une couleur orchestrale les balbutiements d’une modernité dont nos contemporains se nourrissent encore et interroger d’une autre façon cette fameuse notion d’« authenticité », belle et factice tout à la fois, empreinte de respect et aussi d’illusions...
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